Saint Martin de Sauvioles ou la zizanie
Saint Martin de Sauvioles, mais « qu’es aquo » ? Le nom d’un personnage aussi inconnu qu’illustre
ayant vécu sur notre commune ? Que nenni !!
Il s’agit d’une petite partie du patrimoine foncier communal dont la possession fut âprement
disputée entre les communes de Goyrans, Clermont le Fort et Lacroix-Falgarde.
Ce territoire, à l’extrémité du coteau qui borde l’Ariège et à la limite sud de Goyrans, est situé entre
Clermont le Fort et Lacroix-Falgarde. De nos jours le chemin dit « de Saint Martin », partant au bas de la
côte du moulin, permet d’y accéder. Cette enclave appartint pendant des siècles à Lacroix-Falgarde.
Une situation juridique inextricable
Tout semble simple mais en réalité tout est complexe et les germes de la discorde se trouvent dans la
situation juridique de cette zone. Jugez-en !
Saint Martin, jusqu’à la Révolution, dépendait de 3 communes :
Pour le temporel :
– de Goyrans qui exerçait la police et la justice;
– de Lacroix-Falgarde qui percevait les impôts;
Pour le spirituel:
– du curé de Clermont depuis temps immémorial.
En effet, en 1272, le capellanus (le curé) de Clermont était tenu de payer 6 deniers de droit synodal
au prévôt du Chapitre * de Saint Etienne, « pro Salviolis », pour Sauvioles.
Ces taxes dues au Chapitre de Saint Etienne signalent la présence d’une église dédiée à Saint Martin.
Par la suite l’existence de cette église est confirmée au XVII° siècle par un procès verbal de visite
pastorale de l’archevêque précisant « l’église du prieuré dédiée à Saint Martin n’a qu’un autel sans
pierre sacrée ». Il est probable que cette église était entourée d’un cimetière.
Notre concitoyenne Arlette Jean Déjean, descendante de la famille Tertre, qui avait acquis cette
propriété où se trouve actuellement une ancienne ferme, nous a précisé qu’au XX° siècle des
ossements avaient été mis à jour accidentellement lors des labours.
Comme l’on peut s’en douter, cet imbroglio fut la source de conflits, de rivalités et de contestations
diverses et multiples.
Mais au fait, un Chapitre *, « qu’es aquo »?
Le Chapitre était une communauté composée de prêtres (chanoines) attachés à une église cathédrale
ou collégiale qui mettaient leurs revenus en commun, desservaient ensemble leurs paroisses et
délibéraient en chapitre.
Dès le X° siècle, il y avait un chapitre à Toulouse autour de la cathédrale Saint Etienne. Les revenus du
Chapitre étaient essentiellement fonciers et ils s’accrurent considérablement au cours des XII° et XIII°
siècles grâce à de nombreuses donations. Ce Chapitre devint bientôt l’un des plus grands
propriétaires terriens de la région du confluent de l’Ariège et de la Garonne.
Au XIII° siècle, les possessions du Chapitre de Saint Etienne s’agrandirent encore par la donation en
1255 de Bertrandus Arnaldi (Bertrand Arnaud) d’un vaste domaine qu’il possédait à Lacroix-Falgarde.
L’enclave de Saint Martin a pu faire partie de cette donation. En effet, le texte écrit en latin mêlé
d’occitan mentionne : « extra dictos terminos et prope illos duas vel tres pecias terrarrum »
« 2 ou 3 pièces de terre », (possédées par Bertrand Arnaud) « en dehors des dites
limites et près d’elles »
Malheureusement, aucune précision ne nous est fournie dans cet acte de reconnaissance car il s’agit
d’une description minutieuse des biens donnés mais totalement dépourvue de repères
géographiques et topographiques précis.
Il est intéressant de relever le nom Petrus Johannes de Goirons (Pierre Jean de Goirons) parmi les 7
exécuteurs testamentaires.
Peut-être faut-il trouver dans cette donation l’origine de cette enclave, son existence ne trouvant
aucune autre justification.
Fin de la 1° partie