Pierre Frémont (1758 – 1794), un capitaine havrais négrier et abolitionniste
Goyranais depuis trente ans, Pierre Lair a fait sa carrière au centre de recherche Sanofi de Toulouse, où il dirigeait une équipe de chercheurs en chimie médicinale. En parallèle, il a enseigné la chimie pendant 15 ans dans une école d’ingénieurs. Depuis son départ en retraite, il consacre l’essentiel de son temps à une passion vieille de quarante ans : il a commencé à s’intéresser à ses ancêtres en 1980 mais, très rapidement, il s’est focalisé sur sa branche maternelle, dont tous les représentants mâles étaient capitaines de navires de commerce, depuis au moins le XVIIe siècle.
Après nous avoir exposé, il y a quelques années, la vie de son trisaïeul, le capitaine Pierre Onésime Frémont, Pierre Lair a choisi, parmi cette dizaine de capitaines au long cours, de nous raconter cette fois la vie de l’un de ses ancêtres les plus aventuriers. Pas plus que ses aïeux, Pierre Frémont, né en 1758 sous le règne de Louis XV, n’échappera pas à l’atavisme familial : il sera capitaine de navires.
Ayant passé la totalité de son apprentissage à bord d’une galiote commandée par son père, Pierre Frémont, après avoir effectué ses périodes obligatoires sur des navires du Roi, profitera de l’engagement de la France dans la Guerre d’Indépendance d’Amérique pour embarquer comme officier major à bord d’une frégate de la Royale, et participera, à cette occasion, à la prise de plusieurs navires ennemis.
Revenu au commerce et reçu capitaine au long cours, il commandera un beau brigantin construit à Honfleur pour son père, à bord duquel il réalisera plusieurs traversées de l’Atlantique, à une époque où l’essentiel du commerce normand se fait au cabotage (sans quitter les côtes de vue). Sa troisième campagne à la traite négrière se soldera toutefois par la prise de son navire par un corsaire ennemi, puis par son emprisonnement sur un des pontons anglais de sinistre mémoire.
Grâce à sa grande expérience de navigation transatlantique et à son engagement clair pour les idées révolutionnaires, il se verra confier, en pleine période de la Terreur, le commandement du navire amiral de la toute première escadre de la Marine de la République. Cette dernière campagne l’emmènera en Guadeloupe où se terminera prématurément, à l’âge de 35 ans, sa courte mais intense carrière.
Cette présentation très didactique, largement illustrée et s’appuyant sur de très nombreux documents d’époque, donne chair à un personnage attachant. Cette « petite histoire dans la grande » rend presque présents des évènements survenus il y a 250 ans.